L’automne a été marqué par une vague de dénonciations sans précédent. Il y a d’abord eu l’affaire Weinstein, puis la création du #MeToo, rapidement adapté en #MoiAussi, #BalanceTonPorc, #YoTambien, #Ana_kaman, etc. Ce mouvement de solidarité sur les réseaux sociaux a encouragé plusieurs femmes à exprimer publiquement le fait d’avoir été victimes de harcèlement ou d’agressions sexuelles, montrant par le fait même le grand nombre de personnes affectées par ce type de violence. Dans cette foulée, plusieurs ont eu le courage d’avouer à des journalistes les abus que des hommes connus et puissants leur avaient fait subir. Le tsunami s’est ensuite transporté jusqu’à nos portes, emportant avec fracas des personnalités québécoises, dont Éric Salvail et Gilbert Rozon. 

1re vague : L’affaire Weinstein

Le 5 octobre 2017, le New York Times publiait un article dévoilant que de nombreuses allégations de harcèlement sexuel ciblant Harvey Weinstein étaient jusque-là restées secrètes. Quelques jours plus tard, The New Yorker enchainait avec une enquête similaire. Menée, elle, de longue date, elle stipulait que Weinstein aurait aussi commis des agressions sexuelles. Ces articles ont été à l’origine, dès la semaine suivante, d’une vague de dénonciations qui a non seulement inondé les médias américains, mais qui s’est répandue un peu partout dans le monde.

Ce qu’on a rapidement appelé l’Affaire Weinstein s’est ainsi hissée en 2e place de notre top 5 de l’actualité québécoise pour la semaine du 9 au 15 octobre, avec un poids médias de 3,33 %. Cette première vague ne laissant toutefois pas présager le tsunami à venir.

2e vague : #MoiAussi

L’expression « Me Too » a été utilisée pour dénoncer des agressions sexuelles pour la première fois en 2006, sur le réseau social MySpace. Le mouvement avait alors été lancé par Tarana Burke. C’est l’actrice Alyssa Milanno qui a été à la source de sa réémergence le 15 octobre 2017.

Son utilisation atteindra un sommet dès le lendemain, alors qu’environ 840 000 mentions du mot clic ou de ses principales variantes seront générées sur Twitter. Cela en fait le mot clic le plus utilisé au Canada et aux États-Unis entre le 15 et le 24 octobre.

3e vague : Les affaires se multiplient

C’est la troisième vague du tsunami de dénonciations qui a eu le plus fort impact médiatique au Québec. En effet, la province a été marquée par plusieurs dénonciations très médiatisées qui ont pris, ici, des proportions nettement plus grandes que l’Affaire Weinstein.

Cela a commencé avec un article publié dans La Presse+, le 18 octobre, alléguant de nombreux actes de harcèlement sexuel impliquant Éric Salvail. Quelques heures plus tard, c’est Gilbert Rozon qui était ciblé par des allégations de harcèlement et d’agressions sexuelles. Neuf femmes, auxquelles plusieurs autres se sont depuis jointes, ont mené la charge contre le magnat du milieu culturel sur les ondes du 98,5 et dans les pages du Devoir. Le jour même, Gilles Parent, animateur au FM93, était lui aussi visé par de nouvelles révélations. Cette première semaine de dénonciations s’est terminée le 20 octobre, alors que l’éditeur Michel Brûlé était lui aussi pointé du doigt. Cela ne s’est toutefois pas arrêté là. Le 26 octobre, c’était au tour de Michel Venne,
ex-journaliste et fondateur de l’Institut du Nouveau Monde, d’être la cible d’allégations d’agression sexuelle envers une mineure.

L’ensemble de ces nouvelles a créé un raz-de-marée dans les médias québécois qui a occupé 20,27 % de l’actualité dans la semaine du 16 au 22 octobre, puis 6,19 % de l’actualité la semaine suivante, soit entre le 23 et le 29 octobre. Cela en fait la 5e nouvelle la plus médiatisée au Québec en 2017, derrière les élections municipales, mais devant l’ouragan Irma. Aussi, l’affaire Rozon est la deuxième nouvelle à propos du Québec la plus médiatisée à l’étranger en 2017.

Soulignons enfin qu’une vague de dénonciations du même ordre a touché Kevin Spacey à partir du 30 octobre. À cause de la grande popularité de l’acteur, cette affaire est devenue l’une des plus médiatisées à travers le monde dans la foulée du mouvement #MoiAussi. Atteignant la
4e position dans notre top 5 Canada dans la semaine du 30 octobre au 5 novembre, elle ne s’est toutefois pas imposée dans notre palmarès de l’actualité québécoise.

Les briseuses de silence

Ce tsunami de dénonciations a pris une telle ampleur que la personnalité de l’année du
Time Magazine
est dédiée aux « briseuses et briseurs de silence ». La nouvelle a été relayée plus de 600 000 fois sur Twitter la journée de son annonce, le 6 décembre, signe que l’intérêt pour le sujet est loin de faiblir. Jusqu’où ira ce tsunami? Traversera-t-il l’année 2018?